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La Femme qui a raison: Comédie Details
Extrait : "MADAME DURU : Mais, mon très-cher marquis, comment, en conscience, Puis-je accorder ma fille à votre impatience, Sans l'aveu d'un époux ? Le cas est inouï. LE MARQUIS : Comment ? avec trois mots, un bon contrat, un oui ; Rien de plus agréable, et rien de plus facile. A vos commandements votre fille est docile : Vos bontés m'ont permis de lui faire ma cour ; Elle a quelque indulgence, et moi beaucoup d'amour ; Pour votre intime ami dès longtemps je m'affiche..."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier
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Petite pièce en trois faux actes qui eût du être en un (brouillon corrigé dans les papiers de Voltaire) qui n??a que l??ambition d??être distrayante tout en dépeignant une philosophie de la vie économique plus qu??économe, jouisseuse plus que jouissive, matrimoniale plus que débauchée. Comment vivre heureux dans la jouissance de son bien entre amis et en famille. Le confort et le plaisir bourgeois en quelque sorte dans le mariage incontournable.La fortune de la famille vient des Indes, sans que nous sachions de quelles Indes il s??agit, par le père parti douze ans dans cette aventure. Il semble que nous dussions comprendre qu??il s??agit des Indes occidentales, c'est-à-dire des Antilles où le père serait allé faire fortune dans l??agriculture coloniale fondée sur l??esclavage et le commerce des épices et denrées de luxe, le célèbrte commerce triangulaire qui fit la richesse de Bordeaux, Nantes, Rouen en France. Ce ne peut pas de toute façon être autre chose au milieu du 18ème siècle.La mère est restée derrière. Enfin et finalement une mère qui a le sens de la misère d??où le couple et la famille sont sortis et le sens des affaires par des placements judicieux et juteux des finances retournant du père. La mère cependant est aussi judicieuse dans la gestion de la famille qu??elle dote d??un hôtel digne de sa fortune avec du personnel, et dans la gestion de ses enfants qu??elle dote d??une éducation décente mais il ne semble pas d??une carrière vraiment époustouflante. On ne peut pas assurer la jouissance de la vie à des jeunes gens en définitive dés?uvrés et en même temps leur assurer une carrière. Ils vivent donc des revenus des placements financiers faits par la mère et que le père va simplement doubler en revenant. Deux millions c??est beaucoup et cela doit bien rapporter quelques bonnes et trébuchantes dizaines de milliers d??unités de la monnaie en cours à l??époque.Mais Voltaire défend cette vie de placements financiers :Madame DURU :« On doit compte au public de l??usage du bien ;Et qui l??ensevelit est mauvais citoyen ;Il fait tort à l???tat, il s??en fait à soi-même.Faut-il sur son comptoir, l???il trouble et le teint blême,Manquer du nécessaire, auprès d??un coffre-fort,Pour avoir de quoi vivre un jour après la mort ?Ah ! Vivez avec nous dans une honnête aisance.Le prix de nos travaux est dans la jouissance,Faites votre bonheur en remplissant vos v?ux.?tre riche n??est rien : le tout est d??être heureux. . .Ne craignez rien, vivez, possédez, jouissez? » (Acte III, Scène 5)Et une variante supprimée est encore plus explicite sur cette moralité bourgeoise avant même l??acceptation du terme dans le cadre d??un capitalisme pas encore établi. Mais ce discours économique jouissif n??est pas l??intérêt de la pièce. Ce qui en fait du théâtre c??est la situation hirsute composée par les personnages.La mère, Madame DURU, a deux enfants, un fils et une fille, comme il se doit dans la tradition Voltairienne. Ces deux enfants devaient épouser les deux enfants du « caissier » qui gère les finances de Monsieur Duru et sa famille, à savoir Isaac Gripon, une fille et un fils bien sûr. Ce Gripon est un peu fripon car il veut forcer la main à tout le monde sur la base du désir d??un père bien lointain et ainsi marier un jeune homme à peine sorti de l??adolescence à sa fille qui a 37 ans, ce qui est probablement ou à peu près l??âge de la mère de ce jeune homme et un âge canonique à l??époque, un siècle avant la femme de trente ans de Balzac. Le fils cadet de ce fripon Gripon doit être en proportion, et bien sûr ces deux enfants arlésiens, puisqu??on ne les verra pas, Philipotte et Philipot Gripon, n??ont pas de mère et n??ont pas de profession détaillée, sinon que le fils prendra la succession de son père et la fille est ménagère selon une morale de vie qui a peu à voir avec celle de Madame DURU :M. GRIPON :« On se lève avant jour ; ainsi fait votre père :Imitez-le dans tout, pour vivre heureux sur terre ;Soyez sobre, attentif à placer votre argent ;Ne donnez jamais rien, et prêtez rarement? » (Acte I, Scène 5)Digne morale de vie d??Isaac Gripon. Isaac, comme Isaac Newton, est un nom biblique d??importance et Voltaire sait très bien ce dont il s??agit puisque les Arabes de La Mecque se définissait dans sa pièce « Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète » comme fils d??Ismail, l??autre fils d??Abraham, le modèle même du patriarche post-Noétique et post-Mosaïque, le patriarche qui obéit en tout à dieu même quand ce dieu lui ordonne de sacrifier son fils, que ce soit Isaac du côté juif ou que ce soit Ismail du côté islamique. Le nom n??est pas gratuit et bien que Isaac Newton ne soit pas juif, le prénom qu??il tient de son père dont il est orphelin à la naissance est-il un prénom juif ou simplement biblique et quand on sait que Newton était un érudit hébraïque et Biblique, j??entends de l??Ancien Testament, sans compter un historien fort lettré sur l??histoire du peuple juif et du peuple d??Israël, on ne peut guère douter que Voltaire, qui reconnaît dans son ?uvre l??importance scientifique et philosophique d??Isaac Newton, jouait ici avec un gripe-sous Gripon portant un prénom juif d??usurier.Et les deux enfants DURU vont, avec la complicité de leur mère et juste avant l??arrivée de leur père, épouser un autre couple de jeunes gens, frère et s?ur bien sûr, issus d??une noblesse qui n??a pas de problèmes financiers et est donc dotée. Trois couples frère-s?ur et fils-fille et deux mariages. Mais Shakespeare est allé jusqu??à quatre mariages dans une pièce (« As You Like It » avec Hymen, dieu du mariage, venu bénir les mariages de Rosalind et Orsino, Celia et Oliver, Phebe et Silvius, Audrey et Touchstone). Symbolique union de la noblesse et de la bourgeoisie, rêve impossible mais Voltaire ne le sait pas encore.De là à dire que l??on a deux éthique qui s??affrontent, il n??y a qu??un pas que je franchis allègrement. Voltaire défend une éthique bourgeoise de confort, de jouissance et de spéculation plus que de travail qu??il oppose à une éthique du travail, de la parcimonie et de l??austère gestion visant au profit maximum de biens financiers et immobiliers. Il est très clair qu??il rejette les enfants de ce grippe-sou dans la marge arlésienne, et l??éthique de ce fripon Gripon hors de son entendement. Son Gripon est comme un Scrooge célèbre d??un auteur du 19ème siècle, si merveilleusement rendu par le couple antagonique Gripsou et Picsou sur la planète Walt Disney créés respectivement en 1956 et 1947.Vivent les nouveaux riches, mais hors de l??emprise des spéculateurs austères, qu??ils soient calvinistes, luthériens ou juifs. Mais est-ce là un thème encore présentable dans notre siècle connecté ?Dr Jacques COULARDEAU
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