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Les croix de bois

Category: Livres,Romans et littérature,Littérature française

Les croix de bois Details

Les Croix de bois, chef-d’œuvre de Roland Dorgelès, engagé volontaire, est un témoignage exceptionnel sur la Première Guerre mondiale.Avec un réalisme parfois terrible mais toujours d’une généreuse humanité, la vie des tranchées nous est décrite dans toute son horreur et aussi sa bouffonnerie, son quotidien et ses moments d’exception.

Reviews

Fin 1914, début 1915. Lors d'une phase de repos à l'arrière du front, Gilbert Demachy, fils de bonne famille et étudiant en droit, rejoint une escouade d'un régiment d'infanterie de Normandie.L'accueil par les « anciens » est rustre et frais. Sulphart le râleur, Roucke le ch'ti, le père Hamel, le gros Bouffioux, Fouillard, Lemoine, le caporal Bréval et tous les autres ne sont pas des mauvais bougres. Mais la naïveté des petits nouveaux les agace. Ils en ont déjà tellement vu, tellement bavé...Ce roman est un véritable reportage au c?ur de la vie des poilus, écrit dans la langue des tranchées, mélange d'argot et de patois locaux. Tout y est.Le rythme immuable entre la montée en première ligne, le c?ur lourd et la trouille au ventre. L'installation dans le gourbi (abris de tranchée), trou à rats (pas qu'au figuré) à la recherche d??un recoin pour dormir à l'aise.Les bombardements interminables des obus de tous calibres, percutants ou fusants, qui au mieux vous usent les nerfs, au pire vous pulvérisent ou vous lacèrent d'éclats.L'attente insupportable des attaques, quand la seule inconnue est l'ampleur du carnage à venir.Les hurlements des blessés, les sifflements des volées d'obus à venir, blotti en position f?tale, au fond d'un trou.Les rituels pour supporter l'absurde, entre la recherche de bouffe et la récupération de petits riens.Les attaques de gaz que l'on considère avec un crâne mépris. Les exécutions pour refus d'obéissance, pour l'exemple.L'angoisse des mines, qui vous transforment un gourbi en fosse commune. Les corps disloqués, que l'on recouvre d'un peu de terre, et d'une croix de bois.Et surtout la colossale camaraderie qui transforme les journées de repos à l'arrière en moments de vie inoubliables.Pour finir, l'amertume du retour à la vie civile, la découverte de l'incompréhension de l??arrière, de la froide solitude des survivants de l'enfer, brisés par le dégoût de l'inutilité de ces morts mais aussi par une improbable nostalgie.Ce roman date de 1919. Tout y est encore frais et intense. Construit comme l??assemblage de tranches de vie, il est écrit dans un style simple, direct et juste, sans lyrisme superflu, sans académisme.Dorgelès, membre actif de la bohème de la belle époque, journaliste à « L??homme libre » de Clémenceau puis au « Canard Enchainé », a été réformé mais s??est engagé comme volontaire.Il avait une sacré plume qu'il a su utiliser au mieux dans les « Croix de bois ». Il nous les fait aimer ces foutus poilus.Bref, ce bouquin est énorme, à mon sens trop oublié.J'ai été surpris par sa modernité, sa puissance qui fait détester la guerre sans pathos pacifiste. Pas de lamentations, pas de mots inutiles. Le vécu, les faits sont bien suffisants pour se souvenir de tous ces gars dont les noms remplissent nos monuments aux morts.« Les Croix de bois » est à mon sens meilleur que la référence mondiale « A l'ouest, rien de nouveau », c'est vous dire...

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